Pouvez-vous entendre le son de silence ? Cette question n’a rien de saugrenu. Elle fait l’objet d’une étude parue le 10 juillet dans Pnas qui suggère que nous pouvons réellement “entendre” l’absence de bruit. “Le silence est réellement perçu, pas simplement déduit de l’absence de son”, écrivent les auteurs. “Si ces observations sont confirmées, elles pourraient aider les chercheurs à mieux comprendre comment le système auditif humain traite le son, ainsi que l’absence de son”, explique Science.
Anya Farennikova, philosophe à l’université d’Amsterdam qui n’a pas participé aux travaux, constate qu’“il existe de nombreuses études sur la perception des objets, tels que des tables, des nuages ou des arbres, mais que les absences sont considérées comme vraiment très abstraites”.
“Ce sont des choses exotiques, comme un trou noir.”
Pourtant, il est important de comprendre comment nous percevons ces absences. Pour ce faire, les chercheurs d’une équipe interdisciplinaire ont eu recours à une série d’illusions aussi bien auditives que visuelles, auxquelles ils ont exposé des volontaires. Puis ils ont analysé la réponse des volontaires à ces illusions.
Distorsions temporelles
Par exemple, on a demandé aux personnes si elles pensaient qu’un son continu était plus long ou plus court que deux sons séparés par un bref silence. “En réalité, les deux tonalités avec un intervalle totalisent la même durée que la tonalité continue”, précise la revue scientifique. En général, les sujets répondent que le son continu est plus long que la somme des deux autres avec le silence. Puis, les chercheurs ont demandé aux participants d’évaluer la durée d’un silence continu au milieu d’un son et de deux pauses silencieuses distinctes. La même chose s’est produite : ils percevaient le silence continu comme plus long que les silences séparés.
D’autres expériences d’“illusion de silence” ont été menées. “Dans tous les cas, les silences ont suscité des distorsions temporelles parfaitement analogues aux illusions produites par les sons”, écrivent les auteurs. “C’est la preuve que le cerveau traite le silence comme un stimulus sonore à part entière, et en un sens interchangeable avec un son”, indique à Science Chaz Firestone, psychologue qui a piloté les travaux.
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