Le plan universitaire: pilier silencieux du progrès national, pourquoi le choix des filières universitaires détermine l’avenir d’un pays

Dans les couloirs souvent oubliés des ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur se jouent pourtant les grandes batailles du futur. Car le développement d’un pays ne commence ni dans les mines ni dans les banques: il prend racine dans ses universités. Un plan universitaire solide n’est pas une formalité administrative; c’est un levier stratégique. Il traduit une vision nationale qui détermine les compétences à cultiver pour affronter les défis du siècle et ouvrir les voies du progrès.

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Publié le 6/11/2025 à 12:30 pm

Vaudrey Paul    journaliste  de caphaitiennews.com

 

 

Un outil académique de réponse aux défis du pays
Les experts en sciences de l’éducation et en développement, tels que Philippe Meirieu (2005) ou encore Amartya Sen (Prix Nobel d’économie, 1998), s’accordent à dire qu’une formation universitaire pertinente n’a de sens que si elle répond aux besoins concrets de la société. Dans des pays où l’insalubrité, l’insécurité alimentaire ou la mauvaise gouvernance freinent le développement, le choix des filières ne peut être laissé au hasard. Former davantage d’ingénieurs en génie civil dans un pays sujet à des catastrophes naturelles, d’experts en santé publique dans des régions vulnérables aux pandémies, ou de spécialistes en agriculture durable dans des zones de stress alimentaire est une urgence nationale autant qu’une stratégie académique. Sans cela, la fracture entre les diplômes délivrés et les réalités économiques s’élargit dangereusement.

Une vision pour l’avenir : planifier les compétences sur le long terme
Le professeur Jacques Attali souligne dans L’avenir de l’éducation (2006) que les grandes puissances ont toujours anticipé leurs transformations économiques par la formation: numérique, biotechnologie, énergies renouvelables. Ces secteurs sont devenus dominants parce que des universités y ont massivement investi avant même que le marché ne l’exige. Dans ce cadre, le plan universitaire devient une prophétie auto-réalisatrice: choisir des filières, c’est choisir le destin économique et social du pays pour les 20 ou 30 prochaines années.

Un moteur pour le développement durable
L’université est aussi un foyer d’idées nouvelles et de changement social. La recherche fondamentale, les innovations technologiques, les études en sciences humaines ou en économie nourrissent des solutions locales aux problèmes locaux. Prenons l’exemple des pays africains qui investissent dans les sciences agricoles de précision pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Ces choix académiques contribuent directement à des objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU. De même, l’ouverture de filières en gouvernance publique, en gestion des risques climatiques ou en économie circulaire prépare les sociétés à affronter les transformations inévitables du XXIe siècle.

Dans un pays comme Haïti, où le chômage des jeunes diplômés atteint des sommets, l’absence d’un plan universitaire lié aux besoins réels du marché est une des causes majeures de l’inefficacité économique. Comme l’explique le sociologue Pierre Bourdieu (1984), « l’école reproduit l’ordre social existant si elle n’est pas réformée pour répondre à l’évolution du monde réel ». Former des milliers de licenciés en droit ou en administration sans filières techniques, sans école d’ingénierie appliquée, sans laboratoire d’innovation agricole ou énergétique revient à fabriquer des chômeurs qualifies; un luxe que les pays en développement ne peuvent plus se permettre.

Un pays qui veut se développer doit avant tout se demander: Quelles compétences notre avenir exigera-t-il ? Le plan universitaire devient ainsi un instrument de pilotage, une feuille de route nationale. Sans cette vision, aucun développement économique durable, aucune révolution industrielle locale, aucun progrès social réel ne pourra émerger. L’université doit cesser d’être un sanctuaire isolé du réel pour devenir l’atelier où s’élabore l’avenir commun.

Références:
Meirieu, P. (2005). L’école, mode d’emploi. ESF éditeur.
Sen, A. (1999). Development as Freedom. Oxford University Press.
Attali, J. (2006). L’avenir de l’éducation. Fayard.
Bourdieu, P. (1984). La distinction: Critique sociale du jugement. Éditions de Minuit.

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